L’homme de Décembre
Depuis deux ans, dans le port de Briare, la capitaine Dorothée Maas, endosse le costume de la mère Fouettard. Accompagnée par un Saint Nicolas portant les traditionnelles crosse et mitre, elle parcourt sur un petit esquif les eaux du port, puis débarque en offrant des bonbons aux petits et aux grands. Avec son énergie habituelle elle fait la promotion de "son" homme de décembre, Saint Nicolas qui n’est absolument pas à confondre avec le Père Noël précise-t-elle !
Même s’ils se font quelque peu concurrence, Saint Nicolas et le Père Noël ont chacun leurs zones d’influence. Mais que l’on soit Russe ou Lorrain, sa légende est partout à peuprès la même. L’histoire, avec un grand H, en fait un évêque de la côte sud de l’actuelle Turquie, né vers l’an 270, mort un 6 décembre et connu pour sa grande bonté. De nombreux patronages lui sont dédiés dont ceux des marins, des bateliers, flotteurs de bois et pêcheurs. Ça nous parle ! Les histoires de monstrueuses tempêtes où Saint Nicolas reste de marbre pendant que tous les marins s’affolent succèdent à d’autres où le beautemps se maintient au-dessus de sa tête alors que des trombes d’eau zébrées d’éclairs assomment le reste de l’équipage. Nous avons donc à faire à un bonhomme adoré des enfants puisqu’il leur apporte des friandises mais également pour l’excellente raison que de son vivant il en ressuscita trois proprement découpés et salés par un boucher indélicat plus prévoyant qu’affamé.
Quant à son concurrent le Père Noël, il faut bien avouer qu’il n’est patron d’aucune profession. Son origine relativement récente en fait un évènement plus commercial que religieux. C’est pourquoi le clergé catholique pendit puis brûla le Père Noël ! Et oui ! C’était sur le parvis de la cathédrale Sainte Bénigne de Dijon, à quelques encablures du canal de Bourgogne, le 23 décembre1951. Claude Lévy Strauss analysa l’évènement en tant qu’ethnologue dans un article publié dans les Temps Modernes quelques mois plus tard. Le Chanoine Kir, maire de Dijon à l’époque, ressuscita notre malheureux Père Noël le soir du 24 décembre.
Ouf ! Plus depeur que de mal !
Cathy Bouguereau